samedi 8 août 2009

ébauche du projet en 2006

Projet : El camino de travesìa




Mon intention première était de créer un réseau de résidence d’artistes, d’écrivains, poètes entre l’Argentine, la Bretagne et un pays de l’Europe de l’est.
Projet utopique certes.
Faire se rejoindre par les idées et la création artistique des points très éloignés du globe dans un chemin de traverse, de travesìa, passage, en dehors des grands axes.
A l’époque d’internet et de la profusion des moyens de communication cela peut paraître superflu.
Pourtant rien ne remplacera le contact humain, ce qui se passe par les yeux, par les mains, par le manger ensemble. Importantes aussi sont les relations développées lorsque l’artiste se situe en position d’étranger : comment regarder l’autre, comment se donner à voir.
C’est tout cela qui m’intéresse pour avoir suivi de nombreuses créations résidences pendant les 11 années où j’ai assuré la coordination des évènements au centre d’art Passerelle en tant que Présidente.
Le concept de ce centre créé par une association en 1988 est la promotion de l’art contemporain à travers la présentation de l’art expérimental et le croisement des différentes formes d’expression artistique, tant au niveau de la musique, de la poésie que du théâtre et de la danse.
Etant à l’initiative de ce projet avec des proches amis, j’ai pu suivre tout son développement pendant près de 20 ans ;
Ces 10 dernières années mon engagement a été entier ayant réduit puis arrêté mon activité professionnelle pour m’y consacrer à plein temps.
6 emplois ont été créés pendant cette période. Une secrétaire comptable, un régisseur, une chargée des publics, une chargée de la communication, une personne chargée de l’accueil et très récemment un poste de direction.
Parmi les projets que j’ai pu porter, le dernier est la création résidence d’Akio Suzuki artiste japonais, dans l’exposition du printemps 2006 …d’où l’écoute prend forme.
En 2005 6 artistes brésiliens ont investi le centre d’art, l’œuvre de Cildo Meireles Marhulo dans l’exposition Equipée Rio Sao Paulo Brest y trouvait une résonance particulière avec Brest.
Des artistes Québécois, Michelle Wacquant, Jean Pierre Aubé ont crée des installations vidéo après une résidence entre Brest et l’île d’Ouessant, Martin Krenn, artiste autrichien, a produit une œuvre à caractère social avec les habitants de Pontanézen et puis Olga Kisseleva dont une des oeuvres a été acheté par la SOPAB et installé dans une école d’ingénieur de Brest, Yann Toma , Anne et Patrick Poirier, Claude Lévèque, Alain Declerc….
J’ai coordonné également de nombreuses expositions collectives en partenariat avec des Fonds régionaux d’art contemporain, des centres d’arts ou avec des commissaires invités.
Mon intérêt pour la poésie m’a orientée vers une programmation sporadique de lectures d’auteurs contemporains : Valérie Rouzeau, Petr Kral, Luiz Mizon, Françoise Ascal, Sheymus Dacktekin, François Rannou, Erwan Rougé, Pierre Yves Soucy, Yves Bergeret Antoine Emaz, Alain Le Beuze…
Il pleut des voix de femmes …
Quand les mots font échos aux lumières de la ville ont été des évènements poésie mis en espace par des comédiens.



El camino de travesìa est un prolongement de mon parcours à Brest

Comment construire ce projet

Un premier séjour à Buenos Aires m’a permis de connaître quelques groupes d’artistes, : el grupo del arte de callerero, etcetera, taller popular de sérigrafia, grupo del caminante…
Tous ces groupes travaillent essentiellement sur les relations de l’art au social et au politique, ils interviennent très souvent in situ dans l’espace public. La transversalité est très présente dans leur concept artistique.

En m’intéressant à l’art dans l’espace public en lien avec le social et le politique je souhaite faire se rejoindre 2 champs d’activité sur lesquels j’ai construit ma vie :
Le travail pendant 27 années dans un service de santé publique dans lequel j’ai organisé des actions santé et environnement avec des enfants et des étudiants et pendant le même temps mon travail artistique et celui de tous les artistes que j’ai accompagné dans leur processus de création au centre d’art.

La région Bretagne est riche de part son réseau d’art contemporain, de multiples formes existent au niveau de la gestion des lieux comme au niveau de leurs orientations. Cette hétérogénéité crée un tissu bien vivant.
La ville de Brest est aussi un formidable atelier pour les artistes, son histoire de ville reconstruite, la perspective de grands chantiers comme la réhabilitation du plateau des capucins lui donne l’aspect d’une ville toujours en construction où existe un terrain propice à la création contemporaine.
En Amérique du sud les artistes développent une forte vitalité, tout se fait pratiquement sans moyens. Je voudrais en réalisant ce programme de résidence, développer de nouvelles énergies dans nos réseaux artistiques régionaux.

La fonction première de l’art est bien de repousser les limites de ce qui peut être fait.

Je partirai le 20 septembre 2006 pour 6 mois.

Mon premier objectif est d’acquérir une aisance dans la langue castellane.
Faire se rejoindre le langage de la ville et le langage de l’art en recherchant les artistes travaillant dans l’espace public.
Connaître les différents réseaux artistiques et vivre une aventure au quotidien par toutes les rencontres que je souhaite faire également dans des secteurs d’activité autres que celui de l’art.

Une ville on peut la toucher du doigt, de loin elle n’est qu’un minuscule point sur l’atlas. Lorsque l’on arrive dans ces grandes métropoles d’Amérique du sud, j’ai pu en faire l’expérience à Sao Paulo, à Rio et à Buenos Aires, on se sent minuscule, face à un énorme livre à déchiffrer. C’est un vertige, une angoisse et à la fois une excitation face à cette somme de savoir. C’est vraiment ce que j’ai pu ressentir et ce qui m’a donné l’envie de monter ce projet à mon retour d’Amérique latine en décembre 2005.

Je vais retourner, chercher dans l’immense palimpseste de la ville de Buenos Aires, des gens, qui pourront être artistes, poètes mais aussi sociologues, biologistes…. Je ne sais pas encore.
Ils viendront un temps résider ici, en Bretagne, je souhaite m’appuyer sur le réseau d’art contemporain en Bretagne pour créer un événement à caractère régional. M’appuyer également sur tous les liens déjà existants, par les différents jumelages entre les universitaires bretons, des associations et l’Argentine.
Une publication pourra donner le rendu de tout ce processus.
Dans les années qui suivent je prolongerai l’expérience vers d’autres territoires à l’Est en m’appuyant sur des personnes ressources dans le domaine de l’art contemporain.

Brest, mai 2006
Chantal Bideau

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