samedi 8 août 2009

Voces, Voix, Voices



Lors de sa résidence à El Levante, Rosario, Alain Lesaux a travaillé sur une édition de poésie qu'il a fait traduire en espagnol, anglais, allemand et bulgare. L'artiste Brigid Mc Auliffe qui partageait avec lui la résidence durant cet été 2008 a participé à cette édition en donnant des photos réalisées lors des soirées milonga sur des pas de tango.


le recueil est à vendre 10 euros au siège de l'association
2 rue HippolyteLucas 35000Rennes
(Voix)
L’exil est un soleil voilé
L’exil joue à saute-verbe
Entre buissons de mémoires

L’exil débusque un grillon
Dans la voix d’un muezzin

L’exil vague dans la vague
Fond d’œil fond de bouche
Débusqué à un coin de rue

Sur une table de café
Dans le tournis des mouches

À jouer avec l’ombre
Qui avance entre les voix

À jouer avec le serveur
Qui virevolte derrière sa digue

À jouer avec l’exil
Et ses cartes graisseuses

Et ses osselets blancs et rouges

L’eau des exils sur les peaux
Des tambours muets
Dans le jaune blafard des rues
Couchées, dans le terne des bonsoirs
Jetés yeux fermés

L’exil non pas ce licol des bêtes
Perdues
Non pas ces foyers de cendre froide

Comment dire : j’exècre les vivants rivés ?

Comment se survivre en ex-il ?



(Brest, dimanche 3 juin 2006)




El exilio es un sol velado (Voz)
El exilio juega a salto de verbo
Entre arbustos de recuerdos

El exilio descubre un grillo
En la voz de un muecín

El exilio vaga en la ola
Fondo de ojo fondo de boca
Reconocido en una esquina
En una mesa de café
En el sopor de las moscas
Jugando con la sombra
Que avanza entre las voces
Jugando con el camarero
Que da vueltas detrás de su dique
Jugando con el exilio
Y sus cartas grasosas
Y sus huesos blancos y rojos

El agua de los exilios en las pieles
De tambores mudos
En el amarillo pálido de las calles
Acostadas
En lo borroso de las buenas noches
Dadas con los ojos cerrados
El exilio no esa brida de animales
Perdidos
No los hogares de ceniza fría
¿Cómo decir: execro a los vivos clavados?
¿Cómo sobrevivir en ex-ilio?


Brest, domingo 3 de junio de 2006


(Traduction : Silvio Mattoni)